vendredi 7 février 2014

Questionnaire sur la famille pour préparer le Synode sur la famille mis en chantier par le pape François

 Notre groupe Dialogue et Liberté a trouvé très intéressante la proposition de l'évêché de réfléchir sur le questionnaire posé à propos de l'enquête lancée par le pape François en vue de la préparation du synode sur la famille qui doit se tenir à l'automne 2014. Il a travaillé  courant décembre 2013 en sous-groupes, puis s’est réuni en janvier 2014, en réunion plénière, pour apporter sa contribution au questionnaire préparatoire du synode sur la famille.
Cependant, le temps imparti pour formuler les réponses était bref et le nombre de nos rencontres limité, nous avons sélectionné quelques questions assez proches des thèmes que nous avions déjà abordés et avons rédigé une synthèse pour chacune des questions retenues de façon collégiale selon notre habitude.

Si vous souhaitez consulter l'intégralité du questionnaire, vous pouvez visiter ce lien

Voici ci-dessous nos réponses aux questions que nous avons retenues, telles que nous les avons adressées au service de la pastorale familiale du diocèse de Bordeaux. 

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NB : Les questions que nous avons sélectionnées  sont reproduites ci-dessous en couleur brune, et nos réponses sont présentées en vert .

 En avant-propos, le groupe ‘Dialogue et Liberté’ est heureux de pouvoir   répondre à un tel questionnaire. Cette initiative nous paraît très positive. Cependant nous sommes déroutés par le langage employé, difficile à  comprendre par la majorité des baptisés.


 2. Sur le mariage selon la loi naturelle

Il ne nous semble pas  qu’à l’époque actuelle  les couples se posent la question de la conjugalité sous l’angle de la loi naturelle. Ce n’est ni un sujet de préoccupation, ni un centre d’intérêt ; donc pas de contestation   pour un concept qui n’a pas d’écho dans notre société.

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 3. La pastorale de la famille dans le contexte de l’évangélisation

f) Quelle attention pastorale l’Église a-t-elle montré pour soutenir le cheminement des couples en formation et des couples en crise ?

Il y a beaucoup  de propositions qui sont nées de l’initiative de chrétiens,  tant pour la préparation que pour l’accompagnement en situations de crise, et cette diversité est bonne....  et à encourager. Il existe aussi beaucoup de propositions dans les paroisses.

Il faut noter l’intérêt de l’initiative de catholiques qui accompagnent la préparation et la célébration de mariages civils Les maires sont de plus en plus attentifs à la qualité de ces mariages civils.

On note que les personnes en difficulté se sont senties aidées et accompagnées par des prêtres dans les paroisses mais elles affirment toutes, en même temps, que le discours de l’Eglise  hiérarchique les rebute.

Il faudrait faciliter  une présence aux couples en crise. Faudrait-il  créer des services d’écoute pour les « couples en crise »,  à la manière des équipes d’accompagnement des familles en deuil ? (après formation indispensable).

Pourquoi interdire à des couples remariés après divorce de participer aux équipes de préparation au mariage ? Ils ont pourtant   une expérience riche à apporter. Certes il ne faut pas qu’ils soient les seuls dans la préparation !

Nous constatons que beaucoup de jeunes à la marge sur le plan de la foi (ce sont ceux que le Pape François veut rencontrer à la périphérie) souhaitent une « belle cérémonie » pour fêter leur union,  mais pas forcément un sacrement. Pourrait-on leur proposer une fête et un cheminement  catéchuménal comme pour le baptême des adultes ? Ce chemin pourrait aboutir  éventuellement au sacrement de mariage. Le mariage c’est la base de la solidarité humaine : les crises de l’emploi notamment sont souvent prises en charge, de fait,  par la solidarité familiale.

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4. Sur la pastorale pour affronter certaines situations matrimoniales difficiles

a)      Le concubinage ad experimentum est-il une réalité pastorale importante dans votre Église particulière ? À quel pourcentage pourrait-on l’estimer numériquement ?

b)      Existe-t-il des unions libres, sans reconnaissance aucune, ni religieuse ni civile ? Y-a-t-il des données statistiques sûres ?

Proposer l’Évangile sur la famille s’avère plus que jamais urgent et nécessaire. L’importance du thème se manifeste par le fait que le Saint-Père ait décidé d’établir pour le Synode des Évêques un itinéraire de travail en deux étapes: la première, l’Assemblée Générale Extraordinaire de 2014, visant à préciser le “status quaestionis” et à recueillir les témoignages et les propositions des Évêques pour annoncer et vivre de manière crédible l’Évangile de la famille ; la seconde, l’Assemblée Générale Ordinaire de 2015, pour chercher des lignes d’action pour la pastorale de la personne humaine et de la famille.

 Le concubinage est la pratique courante dans notre société actuelle. Parfois il est définitif (avec ou sans Pacs) et semble en progression. Le pourcentage doit en être connu de l'Insee. Parfois il est temporaire mais de durée variable pour plus de 95% des couples avant mariage civil et religieux.

c) Les séparés et les divorcés remariés sont-ils une réalité pastorale importante dans votre Église particulière ?

À quel pourcentage pourrait-on l’estimer numériquement ? Comment affronter cette réalité au moyen de programmes pastoraux adaptés ?

d) Dans tous ces cas, comment les baptisés vivent-ils leur situation irrégulière ? Ils en sont conscients ? Manifestent-ils simplement de l’indifférence ? Se sentent-ils écartés et vivent-ils avec souffrance l’impossibilité de recevoir les sacrements ?

e) Quelles sont les demandes que les personnes divorcées et remariées adressent à l’Église à propos des sacrements de l’Eucharistie et de la réconciliation ? Parmi les personnes qui se trouvent dans ces situations, combien demandent ces sacrements ?


Les divorces, fréquents après mariage civil (47% des cas)  sont aussi une réalité importante après mariage religieux (plus de 35 à 40%), suivis de remariage dans 2/3 des cas.

Notre groupe relève que ce n'est pas le Christ qui a institué le mariage mais l'Eglise (IXème siècle). Pourquoi stigmatiser des situations par une « pastorale particulière » ? L'Eglise   devrait,   non   « catégoriser»   mais   accueillir   des   personnes   dans   leur singularité. La vocation de l'Eglise est « universelle ». Les personnes connaissant ou ayant connu des difficultés ne sont-elles pas avant tout des hommes et des femmes « en chemin » comme chacune et chacun ? Pour celles (les plus rares) qui persistent dans une pratique religieuse, la plupart ressentent non seulement une souffrance mais aussi et surtout une incompréhension des « règlements de l'Eglise » (refus de sacrements), sentiment partagé par bien des croyants et incroyants de leurs entourages. 

f) La simplification de la pratique canonique pour la reconnaissance de la déclaration de nullité du lien matrimonial pourrait-elle offrir une réelle contribution positive à la solution des problèmes des personnes concernées? Si oui, sous quelles formes?

g) Existe-t-il une pastorale spécifique pour traiter ces cas ? Comment cette activité pastorale se déroule-t-elle ? Existent-ils des programmes à ce propos au niveau diocésain et national ? Comment la miséricorde de Dieu est-elle annoncée aux personnes séparées et aux divorcés remariés ; comment le soutien de l’Église dans leur cheminement de foi est-il mis en acte ? 

Les reconnaissances en nullité de mariage nous semblent un comble d’hypocrisie dans bien des cas !

Une « simplification canonique » ne résoudra rien, tant pour le couple que pour les enfants et l'entourage. Pourquoi déclarer invalide un mariage qui a existé (même dans sa dimension spirituelle) au risque de blesser les personnes (époux et enfants) ? Ce qui est à annuler c’est la sacramentalité   ;  comment pourrait-on « annuler » la vie de ce couple en ses premières années ? Qu’on dise que le mariage n’était pas sacramentel  OUI  ! qu’on dise que ce qui s’est vécu, c’était  « nul »   NON !

Jésus a accueilli tout le monde. Pourquoi une pastorale particulière et stigmatisante ? L’Eglise déploie une grande énergie à tenter de résoudre les problèmes qu’elle a créés elle-même   :   sacralisation   rapide   des   mariages   religieux   et   refus   obstiné   de réconciliations. Lorsqu'on parle de miséricorde il faut se souvenir que la miséricorde de Dieu passe  par  la  bonté  des personnes   (et  donc de  nous tous,  membres de l'Eglise).

L’Eglise orthodoxe a  une pratique différente de la nôtre. Nous aurions probablement à entendre ce qu’elle peut nous dire à ce sujet.

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5. Sur les unions de personnes du même sexe
a : Existe-t-il dans votre pays une loi civile qui reconnaisse aux unions de personnes du même sexe une quelconque équivalence au mariage ?

Une loi a été votée en France sur le mariage civil 

b : Quel est le comportement des Églises particulières et locales tant envers l’État promoteur d’unions civiles entre personnes du même sexe, qu’envers les personnes impliquées dans ce type d’union ?

L'Eglise (cf. articles du catéchisme) est opposée à l'union homosexuelle. Elle dit que Dieu réprouve l'homosexualité mais Dieu n'est-il pas trop souvent le « refuge de l'ignorance »? Toutefois des baptisés, prêtres et laïcs,  accueillent positivement les personnes et les couples homosexuels.

c : Quel est le comportement des Églises particulières et locales tant envers l’État promoteur d’unions civiles entre personnes du même sexe, qu’envers les personnes impliquées dans ce type d’union ?

Ne pourrait-on envisager un accueil et une bénédiction qui soit leur adaptée ? 

d : En cas d’unions entre personnes du même sexe qui aient adopté des enfants quel comportement pastoral tenir en vue de la transmission de la foi ?

Cette question nous a paru « inadmissible ». Les enfants doivent être accueillis

(catéchèse et sacrements) sans  stigmatisation, quelle que soit leur situation familiale. 

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7. Sur l’ouverture des époux à la vie. 

Il conviendrait de parler, non pas de paternité, mais de parentalité responsable…

La  doctrine  morale  de  Humanae  Vitae    n’est  pas  acceptée  par  la  plupart  des chrétiens, y compris pratiquants ; beaucoup ont quitté l’Eglise à cause d’elle. Les plus jeunes ne la connaissent pas ! 

Il nous semble que l’Eglise doive prôner la qualité de l’amour entre deux êtres et appeler à un idéal de vie, et non pas faire une évaluation morale des méthodes de régulation des naissances.

Chaque couple est un cas particulier et doit en conscience adopter celle qui convient le mieux  pour l’accomplissement de sa relation.

Les modes de vie contemporains rendent difficiles l’observance des méthodes dites naturelles et l’éducation civile ne les retient pas comme fiables.

Il   faut   promouvoir   une   mentalité   ouverte   envers   la   natalité   sans   favoriser systématiquement la croissance des naissances, du moins au niveau mondial. 

Des chrétiens s’éloignent de l’Eglise à cause de sa position sur l’assistance médicale à la  procréation,  pour  d’autres  qui  recourent  à  ces  méthodes  c’est  un  surcroît d’angoisse et de souffrance.

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8. Sur le rapport entre la famille et la personne

c)      Quelles situations critiques de la famille dans le monde d’aujourd’hui peuvent-elles devenir un obstacle à la rencontre de la personne avec le Christ ?

Il y a des paroles de l’Eglise  sur des situations familiales qui sont insupportables : par ex, la condamnation, encore aujourd’hui, de  la contraception.  Le sensus fidei n’a pas été respecté sur cette question. Beaucoup de déclarations de l’Eglise sur la sexualité sont irrecevables par les familles.

La condamnation des homosexuels par des responsables d’Eglise éloigne du Christ les familles dans lesquelles ils vivent.

Les discours  intransigeants ne tiennent pas compte de la personne dans sa situation et l’éloignent souvent du Christ et de l’Eglise, au lieu d’annoncer la miséricorde. La maladie et la mort sont des situations qui peuvent entraîner des réactions de révolte, situations auxquelles les communautés ecclésiales doivent être particulièrement attentives.

Les familles qui  ont un enfant handicapé peuvent, du fait de cette souffrance, s’éloigner du Christ.

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9. Autres défis et propositions

La célébration des obsèques est un lieu et un moment privilégiés pour accueillir la diversité des situations familiales avec leurs ratés et leurs échecs et pour y dire l’amour de Dieu ;

Des réalités qui se posent aux familles ne sont pas évoquées par ce questionnaire (par ex les familles recomposées, les familles monoparentales...)

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le 9 janvier 2014

mis en ligne le 7 février 2014, par Jean Derouault

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