Place
des femmes dans l'Eglise
A travers les subtilités
sémantiques relatives aux diaconats (masculin, féminin) et à la diaconie des
baptisés, se joue en réalité une nouvelle fois la question de la place des
femmes dans la gouvernance de l’Église.
A
propos de la « vocation propre » de l'homme et de la femme, personne
ne met en doute les qualités de la femme pour la tenue de la maison (le
balayage, les fleurs...et autres « charismes » féminins), ni même
depuis longtemps pour le sourire, l'accueil, la catéchèse voire les
lectures.....; mais déjà, la présence de filles comme servantes d'autel pose
problème à quelques célébrants et les femmes ne donnent pas la communion dans
certaines paroisses,
Bien
que quelques unes soient présentes dans les structures proches du pouvoir
ecclésial (conseils presbytéraux ou dicastères romains) on peut dire qu'elles
sont, en fait, absentes de la gouvernance de l'Institution (élection du pape,
décisions de tous genres, nominations diverses dans les diocèses etc).
Monseigneur
JP Batut, dans un forum La Croix (21
mai) rappelle un ouvrage du père Bouyer (1976) dans lequel il était dit que le
ministère de « représentation » ne pouvait être que masculin puisque
le Christ était « masculin ».
Le caractère
fondamental (et divin) du Christ était-il localisé dans son sexe, ou
quelque autre élément corporel ?; la couleur un peu cuivrée d'une personne du
Moyen-Orient pourrait alors faire exclure du sacerdoce les personnes à la peau
trop blanche ou trop noire !
D'autres
caractères, aussi importants et peut-être davantage (les jambes qui permettent
de se déplacer, les mains qui prennent, qui donnent, qui portent, qui
caressent, qui dessinent ou qui prient, la bouche et la langue qui disent et
qui chantent, le coeur, le cerveau qui
pense, qui compatit, qui prie, qui supporte la souffrance, qui entraîne vers la
Joie), ne sont-ils pas des éléments communs aux deux sexes?
Comment
peut-on affirmer que « par son sexe », un individu masculin est le
seul à pouvoir être « in personna Christi »? Une telle affirmation
est à mi-chemin entre honte et absurdité.
Pourquoi
sur un tel sujet, ne fait-on pas appel au « sensus fidei »? Depuis 10
ans (*) tous les sondages, au moins en France (*) disent que 75% des baptisés,
une nette majorité de « pratiquants » et plus d'un tiers des prêtres, sont favorables à l'ordination
des femmes. Pourquoi ne pas en tenir compte?.
Y-a-t-il
d'ailleurs un abîme entre le bon sens et le « sensus fidei » ?
Ne
dit-on pas depuis longtemps que, lorsque Dieu fit l'homme à son image, il le fit
homme et femme? Maintenant que les femmes ont montré leurs capacités dans tous
les domaines, il serait temps que l'Institution ecclésiale se laisse
dépoussiérer sur ce sujet par le vent de l'Esprit. Le temps perdu ne se
rattrape pas souvent.
Jean-Michel
Guillard (33)
mai 2013
*dernier en date: IFOP mars 2013
mis en ligne par Jean Derouault le 13 juin 2013