jeudi 13 juin 2013

Un sujet toujours d'actualité ...




                               Place des femmes dans l'Eglise


         A travers les subtilités sémantiques relatives aux diaconats (masculin, féminin) et à la diaconie des baptisés, se joue en réalité une nouvelle fois la question de la place des femmes dans la gouvernance de l’Église.
            A propos de la « vocation propre » de l'homme et de la femme, personne ne met en doute les qualités de la femme pour la tenue de la maison (le balayage, les fleurs...et autres « charismes » féminins), ni même depuis longtemps pour le sourire, l'accueil, la catéchèse voire les lectures.....; mais déjà, la présence de filles comme servantes d'autel pose problème à quelques célébrants et les femmes ne donnent pas la communion dans certaines paroisses,
            Bien que quelques unes soient présentes dans les structures proches du pouvoir ecclésial (conseils presbytéraux ou dicastères romains) on peut dire qu'elles sont, en fait, absentes de la gouvernance de l'Institution (élection du pape, décisions de tous genres, nominations diverses dans les diocèses etc).
            Monseigneur JP Batut, dans un forum La Croix  (21 mai) rappelle un ouvrage du père Bouyer (1976) dans lequel il était dit que le ministère de « représentation » ne pouvait être que masculin puisque le Christ était « masculin ».
            Le  caractère  fondamental (et divin) du Christ était-il localisé dans son sexe, ou quelque autre élément corporel ?; la couleur un peu cuivrée d'une personne du Moyen-Orient pourrait alors faire exclure du sacerdoce les personnes à la peau trop blanche ou trop noire !
            D'autres caractères, aussi importants et peut-être davantage (les jambes qui permettent de se déplacer, les mains qui prennent, qui donnent, qui portent, qui caressent, qui dessinent ou qui prient, la bouche et la langue qui disent et qui chantent, le coeur,  le cerveau qui pense, qui compatit, qui prie, qui supporte la souffrance, qui entraîne vers la Joie), ne sont-ils pas des éléments communs aux deux sexes?
            Comment peut-on affirmer que « par son sexe », un individu masculin est le seul à pouvoir être « in personna Christi »? Une telle affirmation est à mi-chemin entre honte et absurdité.
            Pourquoi sur un tel sujet, ne fait-on pas appel au « sensus fidei »? Depuis 10 ans (*) tous les sondages, au moins en France (*) disent que 75% des baptisés, une nette majorité de « pratiquants » et plus d'un tiers  des prêtres, sont favorables à l'ordination des femmes. Pourquoi ne pas en tenir compte?.
            Y-a-t-il d'ailleurs un abîme entre le bon sens et le « sensus fidei » ?
            Ne dit-on pas depuis longtemps que, lorsque Dieu fit l'homme à son image, il le fit homme et femme? Maintenant que les femmes ont montré leurs capacités dans tous les domaines, il serait temps que l'Institution ecclésiale se laisse dépoussiérer sur ce sujet par le vent de l'Esprit. Le temps perdu ne se rattrape pas souvent.
           
                                                                        Jean-Michel Guillard (33)
                                                                        mai 2013

*dernier en  date: IFOP mars 2013
           
mis en ligne par Jean Derouault le 13 juin 2013
           

           

jeudi 30 mai 2013

Les échos des forums « coresponsabilité en Église »

Le groupe « Dialogue et Liberté » a organisé une (double) rencontre sur le thème de la «coresponsabilité en Église» ce mois d'avril 2013, le samedi 20 (salle paroissiale à Pessac) et le dimanche 21 (ND des Anges), au choix des participants.

En effet notre ancien pape, Benoît XVI avait lancé la réflexion dans un document qu'il a publié à l'occasion du colloque Forum international d’Action catholique (FIAC), dans le cadre de la VIe Assemblée ordinaire de ce Forum, qui s'est tenu en août 2012, à Iaşi , sur le thème «coresponsabilité ecclésiale et sociale». Vous pouvez trouver son message à cette adresse sur le site officiel du Vatican :

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/pont-messages/2012/documents/hf_ben-xvi_mes_20120810_fiac_fr.html


50 personnes ont partagé sur ce thème, sous la forme « d'ateliers » ludiques de trente minutes qui ont permis, dans une ambiance amicale, des échanges intéressants sur cette part importante de la vie ecclésiale (coresponsabilité clercs/laïcs), dans la perspective de l’annonce de la Bonne Nouvelle.
   
astuce pour accéder aux liens, testée avec Internet Explorer et Firefox :
cliquez sur la touche droite et choisissez "nouvel onglet" ou "nouvelle fenêtre"

Nom de l’atelier
 
Production de l’atelier
 
Jeu de mots à la manière du  cadavre exquis
soyez curieux !  cliquez sur
   Cadavre exquis
 
Rédiger des phrases selon des contraintes  incontournables : inclure un groupe de mots imposés

A la manière du Jeu de l’oie
pour jouer vous aussi, cliquer sur
   Jeu de l'oie

Repérer des situations de gouvernance (bonne ou mauvaise) et compléter le jeu


Insuffler une éthique démocratique 
pour en savoir, plus cliquer sur  
principes démocratiques


Rédiger les modes opératoires pour des actions
 à mener ici et maintenant

Clin d’œil théologique
clicClin d'œil

Choisir, parmi 6 ou 7 propositions,
les formulations les plus  riches,
vu la mission de l’Église.

la coresponsabilité
aux 1° siècles de l’Église.
clicl'Église primitive

 

Sélectionner dans des séries,
des exemples historiques
à promouvoir
ou dont se débarrasser ???



5 ateliers de 25 minutes ;
un nouvel atelier démarre à chaque heure pile et à chaque demie  (gong sonnant !). Les participants au forum  changent donc d’ateliers  toutes les 25 minutes mais ils peuvent aussi choisir de  regarder un atelier « de loin »   quasiment en auditeur libre , ou de revenir 2 ou 3 fois dans un atelier déjà expérimenté ! C’est un forum où chacun fait ce qui est bon pour lui. Les ateliers fonctionnent  avec au moins deux ou trois personnes

Et vous , visiteur sur Internet , vos commentaires seront appréciés

(ci-dessous , pour des remarques générales ,
ou à la fin de la fiche de chaque atelier) 



et voici quelques


Fruits des ateliers des 20 et 21 avril 2013


Les phrases du jeu de mots

La communauté de chrétiens, c’est-à dire l’Église croit en la Résurrection ; ses membres, les uns avec les autres, partenaires actifs et dynamiques, sont témoins de l’amour Trinité.

Tous co-acteurs, unis dans le bonheur de témoigner du Père. Nous sommes l’Église.

En Église, de tous âges et de toutes conditions, peuple uni par l’eau du baptême, tous les baptisés, dans la joie et l’espérance, annoncent et proclament la Bonne Nouvelle , avec ou sans mégaphone, et témoignent du Dieu de Jésus-Christ, Père et Esprit. Engagés et conscients de notre coresponsabilité, communauté nombreuse dans le bonheur de vivre du Christ.

Tous les baptisés sont enfants de Dieu et donc frères ; ils forment le Corps du Christ.  Ensemble, ils constituent une famille marchant vers le Messie. Leur joie de vivre le partage exulte par une danse. Allons de l’avant pour donner à voir (annoncer) le message de la Bonne Nouvelle : Dieu est Lumière et Amour indicible. Clercs et laïcs ont à partager la coresponsabilité de cette annonce.
Tous les baptisés ensemble, en robes blanches : l’Eglise, communion de femmes et d’hommes, de chacun avec tous.
Dans la joie, la lumière, le rayonnement de l’amour, ils croient, ils proclamant, ils annoncent le Christ, au son des trompettes.
Mais Dieu, Père de toute vie, est aussi dans la brise légère. Il nous envoie comme témoins actifs, coresponsables de la Mission.


Les post-it "Jokers" du jeu de l’oie

      Bravo pour toutes les équipes qui assurent l’accompagnement de familles en deuil !

Dommage qu’il y ait si peu de tolérance dans nos  paroisses !
 
 
 mis en ligne par Jean Derouault le 30/05/2013

lundi 25 mars 2013

Deux dates pour un même forum




Annoncer ensemble l’Evangile

Réflexion ludique et festive :
« Pour une Eglise où se partage
la responsabilité de tous les baptisés »

Le Samedi 20 avril 2013    de  9 h 45   à 12 h  
à la salle paroissiale de Pessac , 9 rue des Poilus
(tram ligne B , arrêt terminus  «Pessac centre »)
Suivi d’ un apéritif de clôture.

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Ou                           le   Dimanche 21 avril 2013 de 20 h à 22 h 30
à Notre Dame des Anges
208 rue de Pessac, Bordeaux (bus  9 ou 4)
après la Messe qui prend son Temps (18h30)
Accueil avec buffet dinatoire 
chaque participant apporte un plat
ou une boisson à partager
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Une autre organisation dans nos églises…,
une chance pour toute la société !


mis en ligne par Jean Derouault le 25/03/2013

dimanche 24 mars 2013

Compte-rendu du groupe de l'atelier "Rapports entre catholiques et croyants d'autres religions non chrétiennes"

En écho à notre appel à relire Nostra Aetate:
http://dialogue-liberte.blogspot.fr/2013/01/notre-reflexion-de-lautomne-2012-propos.html

et à l'occasion d'un "dimanche autrement" le 20 janvier 2013 à la paroisse Notre Dame des Anges (http://nda33.fr/), deux groupes ont réfléchi sur les suites du Concile Vatican II. Voici les réflexions suscitées par Nostra Aetate :


Animateur du groupe : Dominique Normandin
Rapporteur : Pascale Gateau
Après un tour de table qui a permis d'apprécier la diversité d'âge et d'occupations des membres du groupe, l'atelier a débuté par une lecture collective du texte du concile Vatican 2 "Nostra Aetate", daté du 28 octobre 1965. Ce texte a ensuite structuré nos discussions qui ont fait émerger les trois grandes questions suivantes :
1) Où rencontrons-nous des gens d'autres religions ?
Les circonstances sont très liées au milieu social : le contact est plus facile entre étudiants souvent issus d'un milieu favorisé, alors que les barrières socioculturelles sont plus importantes en face des immigrés. L'apparence extérieure peut susciter des réactions de rejet a priori : femmes voilées, interdits alimentaires...De même, les media véhiculent souvent une fausse image des religions, s'attachant à ces signes extérieurs ou à des événements tragiques pour les opposer.
2) Quelles actions communes pouvons-nous entreprendre ?
Une véritable relation d'entraide et d'amitiés a pu s'établir dans certains cas, comme dans la cité HLM habitée par les sœurs. Chez les jeunes, il existe de plus en plus de couples mixtes de religion différente, ce qui est un signe d'ouverture et peut conduire à une véritable recherche commune de Dieu, mais peut aussi parfois être source de grande souffrance si l'intolérance domine.
3) Comment annoncer le Christ ?
L'annonce du Christ se fait déjà par notre manière de vivre. Les autres religions ont aussi quelque chose à nous dire de Dieu. Le dialogue est plus facile avec les autres religions monothéistes car elles ont comme nous un Dieu unique. Il existe des espaces de rencontre et de dialogue interreligieux comme l'association "Co-exister". Le problème actuellement est plutôt perçu vis-à-vis des gens sans religion alors qu'il semble exister une certaine solidarité entre croyants de différentes religions.

Il faut souligner que nos discussions ont surtout porté sur la religion musulmane alors que "Nostra Aetate" évoque beaucoup plus longuement la religion juive. Ceci est à resituer dans l'évolution historique et sociale entre 1965 et nos jours, avec l'augmentation considérable de la population de religion musulmane en France durant cette période.
Pascale Gateau
mis en ligne par Jean Derouault le 24/03/2013



samedi 9 mars 2013

lettre au conseil presbytéral

les échanges suscités en sein de D & L à la suite des remarques formulées lors de la rencontre précédente sur la façon dont le conseil presbytéral aborde le problème des divorcés remariés, ont abouti à l'envoi du mail suivant à tous les membres du conseil presbytéral :


Mon Père,
 voici un message du groupe Dialogue et Liberté


« Nous, Dialogue et Liberté ( http://dialogue-liberte.blogspot.fr/  ) avons reçu la lettre diocésaine de janvier 2013 et pris connaissance des documents qui préludent à la réflexion du Conseil presbytéral sur l’accueil des personnes remariées après un divorce.

Nous nous permettons de vous faire parvenir à nouveau en pièce jointe le texte que nous avions élaboré à ce sujet il y a un an.

Nous souhaitons encore et toujours que les orientations diocésaines rappellent que « le Christ est venu pour sauver et non pour exclure » et en tirent des conclusions pastorales marquées par la miséricorde et l’invitation à la communion.

Nous vous remercions de prendre en compte ce message et nous vous adressons nos salutations fraternelles et respectueuses,


Pour Dialogue et Liberté, »  Jean Derouault secrétariat Dialogue et Liberté

pièce jointe au mail : le texte de janvier 2012 reproduit ci-dessous, avec une introduction actualisée


Remariés après divorce




Nous connaissons tous des personnes remariées après divorce et souffrons de leur situation dans l’Église. Le texte qui suit fait le point de trois mois de lectures et d’échanges, il a donné lieu à une rencontre ouverte à tous en janvier 2012.

Au moment où le Conseil Presbytéral aborde à nouveau ce sujet nous vous proposons ce témoignage. 



 Nous, «Dialogue et Liberté», groupe de catholiques baptisés, engagés dans l’Église diocésaine, sommes attentifs à l'accueil des personnes divorcées et remariées.

Cette question a récemment fait l'objet d'articles et de déclarations diverses; le conseil presbytéral de notre diocèse doit prochainement publier un texte sur la famille qui inclura une réflexion sur ce sujet.

Nous reconnaissons l'indissolubilité du mariage sacramentel, mais nous ressentons comme désincarné, voire involontairement blessant, le ton de certains documents, et attirons l'attention du conseil sur les points suivants :

1. La réalité, telle que nous la voyons tous les jours, est insuffisamment prise en compte par l'Église institutionnelle. Or la réalité n'est-elle pas aussi source d'élaboration théologique ? Que dit à l’Église l’échec de tant de mariages sacramentels ?

2. Est-il évangélique de stigmatiser des pécheurs et de distinguer des justes ? Nous sommes heureux de voir encouragées, dans les secteurs pastoraux, des propositions d’accueil fraternel et chaleureux pour les personnes qui trouvent, aujourd’hui, de nouveaux chemins de foi et de vie dans un remariage civil.

3. Il importe de souligner que, in fine, chacun est renvoyé à sa conscience éclairée et formée. Nous espérons que les baptisés sauront dire haut et fort à tous, dans l'Église et dans le Monde, que le Christ est venu pour sauver et non pour exclure.

Nous espérons, malgré les textes diffusés récemment par l’Osservatore Romano, que les théologiens et le magistère, s’appuyant sur le «sensus fidei», poursuivront la réflexion. Nous croyons que le sacrement de mariage ne peut se donner qu’une seule fois; cependant nous déplorons le lien qui est fait entre indissolubilité du mariage sacramentel et accès à la Réconciliation comme à la Table du Pain eucharistique. Pourrons-nous en conscience interdire encore longtemps l’accès à la réconciliation et à la communion, aux personnes divorcées-remariées qui souhaitent rester dans l'Église ?

Dialogue-Liberté








vendredi 8 mars 2013

Accueil dans l'Eglise des personnes remariées après un divorce : de Cana à Samarie



La lettre diocésaine de janvier 2013 évoque un thème de travail actuellement en chantier au Conseil presbytéral : l’accueil des personnes remariées après un divorce.
Une vidéo présente l’une des démarches pastorales actuellement en œuvre dans ce domaine et des sessions intitulées : De Cana à Samarie.   L’accueil se veut sans aucun doute bienveillant. On y propose de relire et relier la première union qui ne saurait être sacramentellement dissoute et la seconde, chemin de la vie présente.  Relire et relier : chaque être humain, chacun de nous devons assumer nos limites,  nos contradictions, les engagements que nous n’avons pu bien tenir… et voir comment la Vie parmi tout cela fraye son chemin ; dans cette situation particulièrement, en raison du sacrement, quoiqu’il n’y ait pas qu’à propos du mariage que des engagements devant Dieu puissent être rompus. Enfin à ce parcours de réunification de la vie nous sommes tous convoqués pour être en vérité, au plus juste de notre responsabilité et dans la confiance de l’Amour qui nous dépasse.
 C’est généralement le chemin qui conduit à la « Réconciliation » quand il se fait en Église et sous le regard du Christ…

Ce qui interroge plus, c’est la référence biblique : « De Cana à Samarie » .
 Sur Cana on ne s’attardera pas. Jésus, invité à une noce, y fait couler à flots le vin, signe de l’Alliance : plénitude, allégresse ; signe du Royaume en quelque sorte. Le mariage – non encore sacramentel- en est l’image.
 Quant à Samarie …(Jn , 4,1-30 )  Cette femme vient puiser l’eau à midi, heure insolite qui pourrait indiquer qu’elle est plus ou moins paria, à moins que cette heure du soleil étouffant ne soit le signe d’une soif commune. A l’encontre de toute convention et même de toute convenance, Jésus s’adresse à elle, qui est une femme, elle, qui est une Samaritaine, un peuple traditionnellement tenu à l’écart par les Juifs. Un court dialogue amène la femme à demander l’ « eau vive », l’ « eau de la Vie éternelle » ; la demander suppose que l’on y croie et que l’on croit en celui qui peut la donner.
Peut- on penser qu’il lui est dit, comme affirmé dans la vidéo, qu’elle la recevra « à la condition » de pouvoir présenter une situation matrimoniale réglementaire ?   Durant les sessions De Cana à Samarie cette lecture- là est- elle univoque ?
 Quoiqu’elle soit sans mari ou qu’elle en ait eu trop,( 5,6 ?), et qu’elle se tienne devant Jésus dans la transparence d’une vie marquée de cicatrices, de manquements, notamment sur le plan conjugal, c’est à elle qu’il demande à boire, c’est à elle qu’il offre l’eau vive, c’est à elle qu’il révèle sa messianité, elle est même dans cet Évangile le  premier être vivant qui en reçoit l’annonce :
« - Je sais qu’un Messie doit venir, qu’on appelle le Christ

- Je le suis moi qui te parle »
Et la voilà qui part dire la bonne nouvelle et les habitants de Sichem viennent à Jésus. L’historienne E. Dufourcq dit que la Samarie fut le berceau de nombreuses communautés de l’Église primitive. Elle a donc reçu l’Eau vive, elle qui venait chercher l’eau qui n’éteint pas durablement la soif, elle a voulu la partager, elle fut peut-être la première missionnaire parce qu’elle a rencontré Jésus et qu’elle l’a reconnu.
Tirer de cet Évangile-là  l’idée ou la justification que les personnes remariées après un divorce ne peuvent plus participer à l’eucharistie jusqu’à ce que la mort d’un des époux ne vienne défaire les liens , parce qu’ils ne sont plus en mesure de donner le « signe » de l’alliance, est tout de même très étonnant. On pourrait dire plutôt que la miséricorde du Christ telle l’eau vive lave toute faute – quand « faute »  il y a-  dès lors qu’elle est reconnue sous son regard. Dans l’ensemble de l’Évangile ne cesse-t-il pas de réintégrer pleinement dans le groupe ceux qui pour diverses raisons en sont exclus ( publicains, infirmes et malades, femmes pécheresses, femmes surtout parce que c’est elles surtout qui sont stigmatisées). De plus, souvent il insiste pour aller manger chez eux autant que chez les pharisiens.

L’accueil dans la Communauté ecclésiale des personnes divorcées remariées a constitué un grand pas pour l’Église, la bienveillance dans la plupart des cas de l’accueil pastoral est certaine. La rigueur de la discipline, sans limite de temps , qui les écarte de la Réconciliation et de l’Eucharistie s’ils vivent une nouvelle union interroge. La notion de « communion de désir » ne peut masquer la gravité de cette privation, alors même que l’Église proclame que « l’eucharistie est la source et le sommet de toute vie chrétienne » et que dans cette parole on sait bien que la communion à la table du pain et au corps du Christ est le cœur de la célébration. Et combien d’entre nous, quand ils vont communier, ressentent la peine de leurs frères comme un manque à leur allégresse, une question posée à l’unité du corps du Christ ?
On ne peut aborder ici les questions théologiques qui sous-tendent cette discipline, les voies possibles pour la faire évoluer en prenant  au sérieux le sentiment si partagé par un grand nombre de prêtres et de laïcs que cette situation n’est pas tenable et même qu’elle n’est pas franchement évangélique. Mais, pour ce qui est de la Samaritaine, elle a reçu l’eau vive sans condition  aucune parce qu’elle a ouvert son cœur à celui qui l’attendait, je ne saurais lire ce texte autrement. Du vin des noces de Cana à l’eau vive de Samarie ce qui jaillit, loin de toute idée de sanction ou d’indignité, c’est l’allégresse de la miséricorde : là où il y a du manque, elle instaure plénitude, relation, abondance de l’amour, réjouissance de tous ensemble en Christ. L’Esprit souffle où il veut…

article rédigé par Marie- Claude Peyvieux, co-signé par Christine Taussat
mis en ligne par Jean Derouault le 08/03/2013

jeudi 24 janvier 2013

Le groupe Dialogue et Liberté réagit à l'actualité


Mariage pour tous


         La proposition du « mariage pour tous » a suscité de multiples réactions et manifestations médiatiques. Le terme « tous » est d'ailleurs inadapté; il concerne seulement les couples homosexuels et non d'autres situations (unions avec mineurs, relations incestueuses ….)

            Des réticences, voire de violentes oppositions se sont faites jour, souvent mais pas uniquement d'inspirations religieuses : la Commission ecclésiale catholique Famille et Société,  de nombreux évêques, le grand rabbin Gilles Bernheim, Bertrand Vergely, orthodoxe, des personnalités musulmanes, des juristes, des philosophes (Sylviane Agacinski), des groupes politiques ou associatifs...., voire telle humoriste.

            Comme l'ont mis en lumière ces diverses interventions, modifier le sens commun du mariage (union d'une femme et d'un homme) pour l'étendre à deux personnes de même sexe n'ira pas sans modifier de façon plus ou moins profonde la symbolique de la procréation, voire la nature juridique de la filiation. Même si la procréation médicalement assistée est pour l’instant écartée du projet, on ne saurait ignorer que la question sera nécessairement posée à court ou moyen terme et l’on doit s’interroger sur les questions bioéthiques qu’elle soulève. Aucune enquête rétrospective ni prospective n'est susceptible de dire à court terme et avec clarté quelles conséquences sociétales ce changement pourrait avoir.

            Alors pourquoi cette proposition discutable et peu urgente?

            Depuis des millénaires, les personnes homosexuelles ont été méprisées, moquées, insultées, voire physiquement agressées. Or l'homosexualité n'est « ni une grâce, ni un péché » car elle est d'un ordre rare mais « naturel ». Il fallait donc s'attendre à ce qu'un jour les plus « lobbyistes » d'entre elles veuillent prendre une sorte de revanche.

            Dans ce conflit, le positionnement des religions et en particulier de notre Eglise n'est pas clair: l'opposition officielle serait liée à la défense de l'intérêt des enfants mais « en aucune manière à quelque degré d'homophobie que ce soit ».
            Pourtant, le catéchisme  (article 2357) - s'appuyant sur « l'Ecriture sainte » qui les qualifie de dépravations graves- dit que les actes homosexuels sont intrinsèquement désordonnés et son résumé (article 492) les considère comme des péchés graves (avec le viol, la prostitution....).

            Lors de la session 2012 des Semaines Sociales de France (Hommes, Femmes, la nouvelle donne), certains intervenants ont paru exprimer à la fois leur opposition au « mariage pour tous » et le souhait d'un droit « pour tous à une vie heureuse ».
            Peut-être n'est-il pas trop tard pour accueillir sincèrement les personnes homosexuelles, renoncer à toute condamnation en modifiant clairement le catéchisme, bref leur redonner confiance. Qu'en pensent nos évêques?
            Cela permettrait d'opérer une nette distinction entre le respect des personnes homosexuelles unies par l'amour et le partage de vie d'une part, la question du mariage et de la filiation d'autre part qui engage fortement l'intérêt des enfants.
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article adopté par le groupe Dialogue et Liberté le 6 février 2013
mise en ligne effectuée par Jean Derouault
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mercredi 23 janvier 2013

A PROPOS DU MARIAGE (improprement appelé) POUR TOUS, (c.-à-d. en pratique, élargi aux personnes homosexuelles)


Mon Église est en souffrance et je souffre pour elle et avec elle.

Le combat emblématique contre le « mariage pour tous » est – on le sait – perdu d’avance. On jugera que ce n’était pas une raison pour ne pas le mener mais il ne servira qu’à ostraciser davantage les croyants dans le paysage médiatique. Et l’on verra plus tard que cette évolution sociétale, déjà acquise dans d’autres états d’Europe, ne va pas ébranler véritablement le mariage traditionnel.
D’ailleurs le P.A.C.S., vilipendé par la hiérarchie à l’époque de son adoption, est entré dans les mœurs. Des évêques demandent actuellement son aménagement pour une équivalence de fait avec le mariage. Un examen de conscience, sans langue de bois, leur permettrait d’avouer cette surprenante conversion ! Ils avaient cependant raison de prévoir  que son adoption n’était que le lancement du premier étage d’une fusée qui en comporterait quatre. La deuxième est le mariage, qui désormais est plus une revendication de reconnaissance   d’égalité entre homo- et hétéro-sexuels et serait une preuve concrète du recul de l’homophobie. Force  symbolique aussi du mot mariage et non union civile.
Le côtoiement d’homosexuels dans le travail et par nos liens sociaux, fait sauter bien des a priori et des peurs dus à la méconnaissance. Le mariage ne tentera majoritairement chez eux que ceux qui aspirent à une histoire stable, peut-être plus que d’autres !. An nom de quel interdit leur refuser cet engagement ?  Ce n’est pas une « Gay Pride » échevelée qui va envahir nos mairies…
Le troisième étage est le prétendu « droit à l’enfant » ( les hétérosexuels l’exercent « naturellement », même si certains s’en montrent indignes  !), le dernier étant la procréation médicalement assistée : autre sujet qu’il faudrait aborder spécifiquement et dont la licéité signerait une complète similitude avec les couples hétéros... La société doit  privilégier en premier, toujours, toujours, l’intérêt de l’enfant, non du couple. Je conçois la perplexité devant la parentalité homosexuelle, la notion de père et mère, de filiation, l’interrogation sur les origines… Chacun a une opinion mais les études psychologiques, psychanalytiques, menées sereinement,  objectivent-elles des troubles plus fréquents ou plus spécifiques dans le cas qui nous occupe ?  A-t-on une  réponse définitivement claire ? L’enjeu est grave dans le contexte de revendication actuel . Cela posé, l’adoption est déjà envisageable pour un célibataire, (vivant possiblement en couple homo), et une autorité parentale peut être déléguée à un autre adulte. Quant aux pratiques de tous ordres qui permettent aux homosexuel(le)s d’ « obtenir ou de se faire faire » un enfant, ce n’est pas une loi qui les empêchera !!!

Pour en revenir au mariage… A ce propos l’institution a mis plus de dix siècles après la mort du Christ pour en faire un sacrement, c’est dire si elle s’est donné le temps de la réflexion !... Donc pour en revenir à notre actualité et au mariage  civil, proprement dit, l’Eglise , qui redoutait de laisser battre le pavé aux seuls intégristes qui la représenteraient, a d’emblée voulu un débat de société, d’ordre anthropologique : approche intelligente et subtile qui lui fait cependant perdre la prétention de parler au nom d’une vérité révélée, irrecevable par beaucoup. La voici donc ramenée à être une voix à égalité parmi d’autres dans un relativisme général qu’elle abhorre ! Il est paradoxal de constater que ce débat, réclamé au dehors, n’a pu se tenir en son sein. D’autres confessions chrétiennes et des théologiens sérieux ne prennent-ils pas des positions différentes de la ligne officielle arrêtée par les évêques ? Les a-t-on entendus ? L’absence d’unanimité serait donc délétère . Qu’il faut de courage pour assumer le risque de passer pour la brebis galeuse…

L’Église a fait de la défense de la famille un  de ses chevaux de bataille, avec comme idéal la Sainte Famille, icône largement fabriquée au cours des derniers siècles. Ce modèle, qui a sa valeur, repose plus sur la Tradition que sur l’Écriture et est connoté  à la civilisation occidentale où s’est épanoui le christianisme.
Autant en matière socio-économique, le catholicisme affiche des positions «  molles », de centre gauche, généreuses mais peu contraignantes, autant en matière de mœurs, elle dicte des interdits stricts, qui la font cohabiter, malgré elle, avec une droite « dure ».

Au jour  où des chrétiens manifestent dans la rue, où l’Église est devenue, sans le vouloir vraiment, un porte-drapeau, auquel beaucoup d’autres voient l’occasion de s’agréger pour manifester contre le pouvoir en place , j’appelle- modestement - mon Église à la modestie… Que, une fois son échec digéré, elle se retourne sur elle-même, qu’elle réfléchisse enfin à la façon convenable d’accueillir tous ceux qui, quel que soit leur « genre », vivent leur sexualité hors mariage. Qu’elle se manifeste à eux comme le sacrement de l’Amour.

le 13-01-13
article rédigé par Dominique Normandin 
cosigné par Véronique de Poncheville, Christine Taussat et Jean-Michel Guillard 
mise en ligne effectuée par Jean Derouault